Exposition des photographies de Dario Lanfranconi, élaborée par la Confédération, illustrant les 17 objectifs des Nations Unies pour le développement durable d’ici à 2030.
Les 17 photograhies suggèrent des pistes de réflexion sur les contributions possibles de la Suisse. Elles rappellent que les défis mondiaux dépassent largement les frontières nationales et que tous les acteurs – tant publics que privés – interagissent au niveau planétaire.
Ces photographies étaient à découvrir dans des vitrines du centre-ville, du 3 mai au 5 juin 2018.
La pauvreté n’épargne pas la Suisse. Dans ce pays qui est l’un des plus riches du monde, certaines personnes ne peuvent pas participer pleinement à la vie sociale, culturelle, politique et économique du fait de leur situation précaire. Les individus touchés par la pauvreté ont moins de chances de connaître la réussite sociale et cette perspective leur est généralement refusée dès le départ. Des stratégies de prévention, de lutte et d’élimination des causes structurelles de la pauvreté permettent de remédier à cette situation. Les filets de protection sociale – assurance chômage, assurance-invalidité, aide sociale, etc. – jouent à cet égard un rôle important.
Dans de nombreux pays, le système d’exploitation agricole repose sur la monoculture (culture d’une seule espèce végétale sur une zone). Ce système appauvrit l’environnement. Dans plusieurs pays du Sud, les droits fonciers ne sont pas clairement établis et les investisseurs en profitent. Les populations locales perdent des terres fertiles et l’accès à l’eau. Le droit humain à l’alimentation s’en trouve souvent menacé. Les investisseurs ne respectent que rarement les lignes directrices internationales pour l’investissement responsable, les intérêts des communautés locales ne sont ainsi pas pris en compte et la majorité des récoltes sont destinées à l’exportation. La Suisse est l’un des pays qui importe le plus de nourriture par habitant et où le gaspillage alimentaire est le plus élevé.
La santé et le bien-être dépendent de différents facteurs comme la formation, le revenu, l’efficacité du système de santé, l’accès aux médicaments et la qualité de l’environnement. Les populations démunies du Sud sont à cet égard particulièrement défavorisées : d’une part, parce que l’accès aux médicaments est souvent extrêmement difficile et que leur coût peut plonger les personnes dans la détresse ; d’autre part, le développement de médicaments contre les maladies les touchant principalement souffre d’un désintérêt de l’industrie pharmaceutique pour des raisons économiques.
Tout le monde n’a pas accès à une éducation de qualité. La formation est pourtant l’une des clés du succès du développement durable et constitue de ce fait une priorité pour la coopération internationale de la Suisse. Elle permet aux individus de participer activement au développement de la société, ainsi que d’échapper à la pauvreté. L’éducation peut en outre contribuer de manière substantielle à la résolution de situations conflictuelles et à l’émergence de nouvelles perspectives. Le système éducatif suisse est l’un des meilleurs au monde, or environ 800'000 personnes en Suisse seraient concernées par l’illettrisme (personne ayant appris à lire et à écrire mais ne maîtrisant pas assez la langue écrite pour être autonome).
L’égalité entre femmes et hommes fait partie des valeurs fondamentales de la société suisse. Pourtant, de nombreuses femmes demeurent désavantagées en politique et sur le marché du travail: les femmes continuent à gagner moins que les hommes pour un travail égal. La différence salariale est de 678 CHF par mois dans le secteur privé et de 608 CHF par mois dans le secteur public. Elles restent par ailleurs sous-représentées dans les fonctions dirigeantes en politique et dans les milieux économiques. Le manque de flexibilité des modèles de travail rend difficile la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale pour les femmes, mais aussi pour les hommes.
Près d’un sixième de la population mondiale ne dispose pas d’eau en suffisance, alors que chaque Suisse en consomme en moyenne 4’200 litres par jour, soit l’équivalent de trente baignoires. Ce nombre tient compte de la consommation directe mais aussi indirecte, soit l’eau nécessaire à la production des denrées alimentaires, des vêtements et d’autres biens de consommation. Dans cette optique, environ 82% de la consommation d’eau de la Suisse est réalisée dans d’autres pays, dont bon nombre sont déjà touchés par des pénuries.
La consommation mondiale d’énergie ne cesse de croître et une part importante de l’énergie utilisée provient toujours de sources non renouvelables. Les transports et les ménages consomment en Suisse plus de deux tiers de l’énergie finale, c’est-à-dire l’énergie transformée et prête à être consommée. Il est aujourd’hui possible d’utiliser efficacement l’énergie et de réduire la consommation par habitant sans que le niveau de vie en soit affecté. Le recours aux énergies renouvelables (comme le solaire ou l’éolien) est indispensable si l’on veut répondre aux besoins énergétiques sans nuire davantage à l’environnement. L’utilisation des énergies fossiles accélère le changement climatique et engendre des coûts externes. Or, une imputation de ces coûts sur les prix de l’énergie favoriserait le passage aux énergies renouvelables dans des conditions d’économie de marché.
Notre planète compte aujourd’hui près de 800 millions de personnes vivant en dessous du seuil de subsistance alors qu’elles ont un emploi. En outre, de nombreux travailleurs exercent leur activité dans des conditions indignes et sont exposés quotidiennement à des substances toxiques ou à d’autres dangers sur leur poste de travail. Le non-respect de droits fondamentaux comme l’aménagement de conditions de travail sûres et équitables ou la reconnaissance de la liberté syndicale sont une entrave à une croissance économique durable et renforcent les inégalités et les tensions sociales. Cela concerne aussi bien l’Europe que les pays de l’hémisphère Sud. En Suisse, qui est l’un des pays les plus riches au monde, environ 130'000 personnes ne peuvent subvenir à leurs besoins correctement alors qu’elles ont un travail. Par leurs questions critiques et leurs décisions d’achat, les consommateurs peuvent inciter les entreprises à améliorer leurs conditions de production.
Afin de trouver des voies et des moyens efficaces pour atteindre rapidement ces 17 objectifs, le monde doit pouvoir compter sur le travail de nombreux chercheurs, car les avancées scientifiques sont déterminantes pour le développement de solutions novatrices. L’innovation naît de la rencontre et de la collaboration de professionnels issus d’horizons variés et les partenariats entre instituts de recherche nationaux et étrangers sont nécessaires.
Des disparités économiques et sociales considérables existent entre pays riches et pays pauvres, mais aussi à l’intérieur des pays. Ainsi, certaines personnes en Suisse peuvent se voir exclues de la vie sociale, politique, culturelle et économique de leur ville en raison de différents facteurs comme leur revenu, leur âge, leur origine, leur appartenance religieuse ou encore un handicap. Seule une société offrant à tous ses membres la possibilité de participer à la vie publique reflète les valeurs fondamentales de la Suisse.
Plus de la moitié des habitants de la planète vivent dans des villes. Cette urbanisation n’est pas sans conséquence sur la forte empreinte écologique des zones urbaines : alors qu’elles n’occupent que 3% de la surface du globe, les villes consomment trois quarts des ressources mondiales et produisent 70% des émissions totales de CO². Le défi d’offrir une qualité de vie appropriée à un nombre croissant de personnes ne concerne pas uniquement les mégalopoles, mais aussi les villes de moindre importance. La mise en œuvre d’une urbanisation responsable et la volonté de faire émerger des idées novatrices (végétalisation des toits plats, création de fermes aquacoles, aménagement d’espaces publics) ont donc le vent en poupe en Suisse.
Les choix des consommateurs influencent le marché. Des choix éclairés et réfléchis, tournés vers des produits durables et locaux, favorisent une production responsable. Une réflexion sur notre consommation peut permettre une réduction des déchets (emballages plastiques, gaspillage alimentaire), la préservation de l’environnement et le respect des conditions de travail.
En Suisse, environ deux millions de tonnes d’aliments sont gaspillées chaque année, dont une partie au stade précoce de la production et de la transformation. Alors que certains produits hors norme (trop grands ou trop petits) ne sont tout simplement pas mis en vente, près de la moitié du gaspillage alimentaire provient des ménages. Cela correspond pratiquement à un repas jeté par personne par jour.
Les effets du changement climatique d’origine anthropique (engendrés par les activités humaines) concernent toute l’humanité. L’ensemble des êtres humains consomme en ressources naturelles l’équivalent de 1,7 planète par année. Les pays industrialisés sont largement responsables de cette surconsommation et le développement des pays du Sud va encore accroître ce nombre. Le recul des glaciers, les crues et les vagues de chaleur ne sont que quelques-uns des effets appelés à se multiplier en Suisse, pays alpin. Pour ménager le climat, il est nécessaire de se tourner, entre autres, vers les énergies renouvelables, une consommation locale et durable, ainsi que vers la mobilité douce.
La Suisse, même si elle ne possède aucun accès à la mer, est fortement concernée par la protection des milieux aquatiques. Les Suisses contribuent de manière significative à la dégradation des océans et des milieux aquatiques par leurs émissions élevées de CO2, dues notamment à leurs déplacements en avion. La consommation de poissons, de crustacés et de mollusques, qui s’élève en Suisse à près de 73’000 tonnes par année, est en grande partie issue d’une pêche non durable. L’utilisation de certains produits nocifs pour l’environnement, comme par exemple les pesticides et les produits de nettoyage sont également responsables de la dégradation de la qualité de l’eau. Une consommation responsable des produits de la mer et des lacs représenterait un pas important vers la préservation des milieux aquatiques et de leurs ressources.
Les forêts recouvrent près de 31% de la surface de la planète. De l’air que nous respirons à l’eau que nous buvons en passant par la nourriture que nous mangeons, les forêts subviennent à nos besoins. Plus de 1,6 milliards de personnes en dépendent et plus de 80% des espèces animales et végétales de notre planète y vivent. En Suisse, l’état de la biodiversité est insatisfaisant. La moitié des milieux naturels et un tiers des espèces sont menacés. Le recul de la diversité des espèces a en outre entraîné un appauvrissement de la diversité génétique. Les pertes continuent d’affecter les trois niveaux de la biodiversité, à savoir la diversité des milieux naturels, le nombre d’individus et la diversité génétique au sein d’une même espèce.
Il ne peut y avoir de développement durable sans paix, ni de paix sans développement durable. Seul l’état de droit est à même de garantir l’application de règles identiques pour tous. Ce sont les principes de justice, et non l’arbitraire et la violence, qui régissent la vie sociale et la gestion des conflits d’intérêts. Il est crucial de protéger les droits fondamentaux et de sanctionner les infractions. La Suisse s’engage dans le monde entier pour un accès égal à la justice et pour la protection de droits fondamentaux comme la liberté d’expression et de réunion ou la liberté de la presse.
Pour réaliser un développement harmonieux de notre société et répondre aux enjeux tant globaux que locaux, il est nécessaire de travailler tous ensemble. Gouvernements, société civile, entreprises, milieux scientifiques se doivent de contribuer à concrétiser le développement durable en conciliant et intégrant les aspects sociaux, économiques et environnementaux. Tout un chacun peut y contribuer à son échelle, avec des gestes simples comme opter pour des économies d’énergie, des achats responsables, ou en encore en participant à la société.