Salle de la municipalité
Cette pièce a été aménagée vers 1770 comme salle de justice avant de devenir fin 1834 salle de la municipalité.
Le mobilier et les boiseries à bancs proviennent de l’ancienne maison de ville du 16e siècle. Reflets de la richesse artistique de cette dernières, ces boiseries avaient été confectionnées en 1643-1644 par Claude Peseux pour garnir la « chambre chauffable » aménagée pour le Grand Conseil. Il s’agit là d’un des exemples les plus anciens conservés d’un type de bancs couramment pratiqués dans les hôtels de ville depuis le 16e siècle.
On retrouve ainsi dans cette pièce l’aménagement traditionnel des salles de conseils d’Ancien Régime avec des bancs courant le long des parois et un espace central vide. Dans l’ancienne maison de ville, ils devaient compter 36 places pour accueillir les membres des deux chambres des Douze et des Vingt-Quatre, chaque place étant marquée par une arcade.
Bien qu’il s’agisse d’une pièce plus modeste que les deux salles où se tenaient les conseils de ville et la secrétairerie, qui furent toutes boisées à neuf, cette salle fait partie de l’aménagement très soigné du premier étage du bâtiment. En plus du boisage remonté, travail probablement réalisé par l’ébéniste de l’hôtel de ville Pierre Abraham Guignard, on y pose un plafond de gypse à simple moulure.
Les boiseries n’atteignant pas le plafond, la partie supérieure était probablement ornée de peintures, dont un ensemble réalisé en 1646 pour l’ancien hôtel de ville par le peintre de Besançon Cléradius Dangin. Cinq de ces tableaux sont encore exposés.
En 1955, lors de la restauration de la salle, elle est classée aux monuments historiques en même temps que les autres espaces du 1er étage du bâtiment.
Durant 150 ans, la municipalité y tient ses séances, mais avec le passage de 5 à 7 membres en 1974, la pièce est considérée comme trop exigüe. La salle de conférence du 2e étage de l’hôtel de ville côté château devient dès lors siège des séances de l’exécutif jusqu’en 1990, année durant laquelle ce dernier réintègre la salle d’origine.
Les tableaux de Dangin
En 1646, le Conseil de ville commande au peintre Cleradius Dangin (vers 1616 – après 1677) onze panneaux destinés au « poile neuf », soit la salle du conseil qui vient d’être refaite.
Le choix des thèmes est laissé à l’artiste.
La présence de scènes peintes dans les hôtels de ville et les salles de justice se développe dès le 16e siècle avec la construction de bâtiments dédiés aux activités des autorités et à la justice. Un bel exemple, datant de 1585-1586, est visible à Payerne.
Le cycle de l’hôtel de ville d’Yverdon-les-Bains se compose de trois groupes dont la disposition dans la salle reste inconnue. Brigitte Pradervand suggère une répartition sur les 4 parois.
Paroi latérale, 4 scènes tirées d’épisodes de l’histoire antique
- La fuite d’Enée et d’Anchise devant la ville de Troie en flammes;
- Mucius Scaevola devant le roi Porsenna lors du siège de Rome ;
- Cimon et Pero ;
- Les juges aux mains coupées ou le Tribunal de Thèbes.
Paroi latérale 4 scènes évoquant des épisodes, fictifs ou réels, de l’histoire yverdonnoise
- Fondation d’Yverdon Ao 430 ;
- Yverdon pris par famine Ao 1260 ;
- Construction du chasteau Ao 1261 et Prise d’Yverdon Ao 1536 ;
- Yverdon brule par les Turkos An 1476.
Paroi d’entrée de part et d’autre de la porte, 2 scènes tirées d’épisodes bibliques
- Apocalypse Apoca. XV XVI ;
- Apocalypse.
Paroi en face de la porte d’entrée
- Le jugement de Salomon.
Récupéré, réutilisé, déplacé
Le décor commandé à Cleradius Dangin est préservé au moment de la démolition de l’hôtel de ville (1766-1767) afin d’être réinstallé dans la salle de justice (1er étage) du nouveau bâtiment. Cinq panneaux sont toujours accrochés aux parois de cette salle qui accueille les séances de la Municipalité depuis 1834. Les autres sont conservés dans un dépôt de biens patrimoniaux.